Une chanteuse qui s’appelle Carla B., avec un guitariste italien . . prenomme Simone: sur le papier, ce disque a l’air d’une blague. En l’écoutant, on ne va pas rigoler beaucoup, mais on va s’extasier une fois de plus sur la voix de Carla RI! y a des lustres, on avait découvert cette fille perdue du country-punk au sein des Geraldine Fibbers. L’an dernier, elle nous hantait sur l’album d’Evangelista. Dande/ions on Pire, écrit par le guitariste Simone Massaron pour Carla Bozulich, est l’écrin d’un diamant noir. Entre Patsy Cline et Patti Smith, Carla Bozulich poursuit son exploration passionnante de mondes qui se croisent rarement -la country et la musique expérimentale -, renouant avec l’esprit de la old weird America, l’époque où la musique folk était un terrain vierge et parfois dangereux. Carla Bozulich envoie les violons, mais c’est un disciple de John Cale qui les martyrise, accompagné de musiciens plus à l’aise dans la zone industrielle qu’à la campagne. Country music dans la salle des machines, un jour de tremblement de terre, Dande/ions on Pire est un des ces albums extrêmes et dérangés que PJ Harvey aurait pu rêver d’enregistrer.
Stéphane Deschamps